Les déodorants conventionnels sont-ils dangereux pour la santé ?

Depuis plusieurs années, les déodorants conventionnels font partie de notre quotidien mais peut-être au détriment de notre santé... Sels d'aluminium, parabènes, triclosan, BHA... autant de mots barbares qui sèment le doute sur nos achats quotidiens. Pour autant, la transpiration n'est pas à bannir !

Quels sont les principaux composants à éviter dans le déodorant ?

Les sels d’aluminium - Sont-ils dangereux ?

Bien que les sels d’aluminium soient un composant phare des déodorants, la question fait débat depuis plusieurs années. Il s’agit d’une molécule provenant du métal qui a pour rôle de réduire l’ouverture des pores de la peau afin de réduire la transpiration. Ils agissent donc comme des anti-transpirants. En avril 2012, le magazine “60 millions de consommateurs” publie une enquête révélant que la moitié des marques de déodorants passées au crible dépasseraient de beaucoup la quantité recommandée par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicaments et des produits de santé), à savoir 0,6%. Des taux allant jusqu’à 2% ont été relevés. Toutefois, les sels d’aluminium ne seraient nocifs que sur les peaux abîmées par le rasage ou l’épilation. On parle de passage transcutané pour désigner son absorption par la peau. Cette observation a été validée par une étude menée par le biologiste Alain Pineau. Cette absorption peut provoquer des irritations cutanées, des inflammations, un risque de développer un cancer du sein ou même certaines maladies neurologiques comme Alzheimer. Plus d'information à ce sujet ici.

Parabènes et du triclosan - Faut-il s’en méfier ?

Oui et non, ces susbtances sont suspectées d’être nocives mais aucun consensus scientifique n’est établi à ce jour. Les parabènes et le triclosan sont deux autres composants clés des déodorants. Les parabènes sont des produits chimiques qui jouent le rôle de conservateurs pour éviter les proliférations bactériennes et microbiologiques. Le triclosan, quant à lui, est un antibactérien dont le rôle est de lutter contre les mauvaises bactéries responsables des mauvaises odeurs. Ils sont tout deux soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens pouvant affecter les hormones œstrogènes et thyroïdiennes. Il y aurait alors un lien possible avec la croissance de certaines cellules cancéreuses sensibles aux œstrogènes. En 2004, une équipe de recherche britannique a révélé dans le cadre d’une étude des cas de tumeurs cancéreuses du sein présentant une quantité significative de parabènes. Le risque est aujourd’hui connu mais il n’y a pas de consensus scientifique.

BHA et BHT - Quels sont les risques associés ?

Les BHA et BHT sont deux composants devenus très rares dans la composition des déodorants. Ce sont des anti-oxydants synthétiques utilisés comme conservateurs dans de nombreux cosmétiques. On les trouve sous les noms de butylhydroxyanisole et de butylhydroxytoluène. Bien qu’ils soient classés comme potentiellement cancérigènes et suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, ils ne sont pas encore totalement interdits. En effet, selon l’association l’UFC Que Choisir, le BHA est classé « cancérogène possible » par le Centre international de recherche contre le cancer (Circ). Une fois encore le consensus scientifique manque à l’appel mais certains pays ont déjà fait le choix de les interdire.

La pierre d’alun - Est-elle vraiment une bonne alternative ?

Utilisée depuis l’Antiquité, cette pierre naturelle semble elle aussi présenter des risques pour la santé puisqu’elle contient également de l’aluminium. C’est un sel minéral composé d’aluminium et de potassium. Toutefois, à la différence de la pierre synthétique, la pierre d’alun naturelle, plus rare et plus chère, présenterait de faibles risques pour la santé voire mêmes quasi-inexistants même si rien n’est prouvé sur le long terme. Le sujet fait encore débat car selon certains, elle ne contiendrait pas du chlorhydrate d’aluminium comme les produits conventionnels mais du sulfate d’aluminium, sans danger pour la santé. Il est également important de noter que, contrairement au déodorant, elle régule la transpiration sans boucher les pores de la peau.

Les sels d’aluminium ne seraient nocifs que sur les peaux abîmées par le rasage ou l’épilation.

Quels sont les risques de ces composants pour la santé ?

Déodorants conventionnels et flore cutanée.

Très agressive pour la peau en raison du grand nombre d’ingrédients chimiques, l’utilisation de déodorants conventionnels affaiblirait ce qu’on appelle la flore cutanée ou bactérienne. Peu connu du grand public, ce terme s’utilise notamment pour parler des aisselles et du grand nombre de bactéries qu’elles renferment. Appliquer du déodorant tous les jours réduirait le nombre de micro-organismes présents, pourtant nécessaires à la protection de la peau contre les agressions extérieures. On parle de microbiome pour désigner cette communauté de micro-organismes. D’après une étude publiée dans la revue “Peerj” par des scientifiques de la North Carolina Central University, le déodorant élimine les bactéries responsables des mauvaises odeurs mais ces bactéries, appelées corynébactéries pourraient également avoir un rôle sur l’équilibre corporel. Les conséquences à court et à long terme ne sont pas claires car, en plus d’éliminer les bactéries malodorantes, de nouvelles bactéries apparaissent.

Déodorants conventionnels et cancer du sein.

Encore une fois rien n’est prouvé. Mais comme expliqué précédemment, certains produits chimiques (sels d’aluminium, parabènes), en étant absorbés par la peau, seraient nocifs. Il y aurait un risque de dérèglement des cellules mammaires, augmentant ainsi le risque d’un cancer du sein. Une étude suisse, publiée en septembre 2021 par des chercheurs du Centre d’oncologie et d’hématologie Hirslanden de la clinique des Grangettes, et de l’Université d’Oxford, confirme ce risque. Après avoir analysé le mécanisme d’action de l’aluminium dans la transformation cellulaire, ils affirment qu’en plus de pénétrer dans les cellules, le métal provoque aussi une instabilité du génome, favorisant l'apparition de cancers et notamment le cancer du sein. Il est important de noter que, d’après André-Pascal Sappino, professeur et spécialiste en oncologie médicale, plus de 80 % des tumeurs surviennent dans la partie externe de la glande, c’est-à-dire celle à proximité de l’aisselle.

Déodorants conventionnels et réactions allergiques ou respiratoires.

Oui c’est possible mais cela ne concerne que les déodorants en spray, aussi appelés aérosols. Réactions allergiques, respiratoires, crises de migraines... autant de maux que peut provoquer l’émission de ces substances dans l’air en trop grande quantité. Le problème de l’utilisation d’aérosols n’est pas nouveau. L’aérosol présent dans les autres produits du quotidien (produits ménagers, désodorisants d’intérieur) a fait l’objet de nombreuses études. D’après une enquête menée par des chercheurs espagnols sur des adultes de différents pays européens, le plus grand risque d'asthme (sur-risque de 50%) a été retrouvé chez des personnes utilisant des aérosols jusqu'à 4 fois par semaine.

Comment choisir un déodorant sans composant à risque ?

Choisir un déodorant et non un anti-transpirant

La transpiration est un phénomène 100% naturel, produit par les glandes sudoripares, qui permet à l’organisme d’évacuer les toxines et de réguler sa température (chaleur, activité physique, stress). En effet, la sueur d’évapore grâce aux pores de la peau pour évacuer la chaleur. La mauvaise odeur ne vient en réalité pas de la sueur elle-même mais des bactéries présentes à la surface des aisselles qui se nourrissent de la sueur.

Vous l’aurez compris, transpirer c’est 100% naturel. D’où les débats sur l’utilisation des anti-transpirants. À la différence du déodorant qui neutralise les bactéries à l’origine des mauvaises odeurs, l’anti-transpirant empêche la sudation. En effet, il forme une sorte de bouchon souvent à l’aide des sels d’aluminium au pouvoir astringent et antisudoral. Comme expliqué dans notre article “Comment choisir un déodorant”, la distinction n’est pas aussi claire sur le marché des déodorants et des anti-transpirants puisque, bien souvent, ils cumulent les deux effets.

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Optez pour un déodorant sain

Le meilleur moyen pour ne courir aucun risque pour sa santé est d'examiner la composition des déodorants ou plus simplement d'opter pour une alternative naturelle. Les déodorants naturels luttent contre les mauvaises odeurs sans empêcher la transpiration. Cette dernière a d’autres bénéfices que ceux cités précédemment. Elle hydrate naturellement la peau en formant un film hydrolipidique et elle protège l’épiderme.

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