Tu essayes de réduire le plastique ? Mouais... Ça sert à rien. Cette idée est de plus en plus répandue. Comparée à d'autres actions (alimentation, déplacements, etc.) la réduction des déchets aurait un effet limité pour réduire son impact sur la planète. L'étude publiée le 18 janvier 2022 dans la revue « Environmental Science & Technology » prouve le contraire. Une 5ème limite planétaire aurait été dépassée et serait directement liée à la pollution plastique dans l'environnement. Qu'est-ce qu'une limite planétaire ? En quoi le plastique est-il concerné ? Réponses sans plus attendre !
« Le zéro-déchet, ça sert à rien. »
Difficulté de lecture : ⭐ (très facile à comprendre)
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Résumé de l'article en 500 caractères
Dans son rapport du 18 janvier 2022, le centre de recherche scientifique international Stockholm Resilience Center, annonce qu'une 5ème limite planétaire a été dépassée. Il s'agit de "l'introduction d'entités nouvelles" : c'est-à-dire des substances créées par l'homme et toxiques pour l'environnement. Parmi ces substances, le plastique. En 15 ans, la production de ce dernier a augmenté de 79%. Le dépassement de cette limite perturbe l'équilibre de l'écosystème. Changer nos habitudes de consommation et réduire l'utilisation du plastique est donc loin d'être un acte anodin pour la planète.
Qu’est-ce qu’une limite planétaire ?
Il existe 9 limites planétaires
L’extrémité de l’océan pacifique ? Non pas vraiment. On vous rassure, la Terre est toujours ronde. Mises en lumière en 2009, les limites planétaires sont au nombre de 9 (niveau d’acidité des océans, nombre d’espèces sur Terre, hausse des températures, etc.) et « représentent les seuils à ne pas dépasser pour maintenir l’équilibre de la vie sur Terre ». Par exemple, en ce qui concerne le dérèglement climatique il faut maintenir la hausse des températures sous 1,5°C pour éviter que les catastrophes naturelles ne s'accumulent. C'est le même principe pour les autres limites.
Ces limites sont essentielles à l’équilibre de la vie sur Terre.
Au-delà de ces limites, l’équilibre de la biodiversité est mis en danger. Principalement parce que les conséquences peuvent être irréversibles. Reprenons l’exemple du réchauffement climatique. En Arctique, le permafrost est un sol censé rester glacé en permanence. Il a l'avantage de réfléchir les rayons lumineux, luttant ainsi contre le réchauffement de l'eau situé en dessous du permafrost. À cause de la hausse des températures, le permafrost fond, ce qui donne naissance à un cercle vicieux : Les rayons lumineux sont moins bien réfléchis, la température de l'eau augmente ce qui renforce la fonte du permafrost.
L’humanité, premier responsable du dépassement !
L’activité humaine a des conséquences directes sur l’écosystème. Les gaz à effet de serre sont présents naturellement sur la planète mais les activités humaines comme l'utilisation des énergies fossiles ou l'agriculture émettent aussi des gaz à effet de serre. La concentration anormale de ces gaz, composés principalement de C02 et de méthane, est responsable du réchauffement climatique et donc de l’acidification des océans qui en découle. Cela porte directement atteinte à la biodiversité. Les organismes vivants comme les mollusques ont besoin de calcaire pour fabriquer leur coquille. Comme vous le savez déjà, si vous avez regardé le Roi Lion plus jeune, cette modification du pH des eaux met à mal l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Les limites planétaires représentent les seuils à ne pas dépasser pour maintenir l’équilibre de la vie sur Terre.
La 5ème limite, le plastique ?
Quelle est la 5ème limite planétaire ?
Le 18 janvier 2022, les scientifiques du « Stockholm Resilience Center » annoncent qu’une 5ème limite a été dépassée. Il s’agit de la “pollution chimique” aussi appelée “introduction d’entités nouvelles”. Cette limite fait référence à la concentration des substances toxiques créées par l'Homme n'étant pas présentes originellement sur Terre, qui nuit aux organismes vivants. Cela englobe les perturbateurs endocriniens, les substances radioactives ou encore... le plastique ! Le nombre de nouvelles entités différentes introduites ces dernières années (350 000) et la vitesse à laquelle ces substances sont créées ne laissent pas le temps aux chercheurs d’analyser quels effets ces substances peuvent avoir sur la planète sur le long terme ni de maîtriser leur gestion après leur utilisation.
Le plastique comme mesure du dépassement...
Pour quantifier la concentration de substances toxiques dans l’écosystème, les chercheurs utilisent, entre autres, le plastique comme unité de mesure. Problème, la production de plastique a augmenté de 79% entre 2000 et 2015.
Le plastique le fléau principal ?
Le plastique est un problème à plus d'un titre. D'abord, le recyclage n'est pas une solution viable. Selon les dernières estimations, seul 10% du plastique produit est recyclé. Ensuite, composé à 99% d’énergies fossiles, il est très polluant dès sa fabrication. Enfin, il est nocif pour l’écosystème puisque, jusqu’à 10 000 produits chimiques, peuvent être présents dans sa composition et il finira son cycle de vie dans nos océans. Ce sont des substances telles que le plastique qui poussent les scientifiques à nous alerter sur la façon de produire et la gestion de ces entités nouvelles.
Le dépassement de la 5ème limite en quelques chiffres
L’humanité a introduit 350 000 substances différentes dont il est impossible d’avoir un suivi complet pour chacune d’elles. Depuis les années 1950, la production de ces substances toxiques a été multipliée par 50. Les scientifiques du Stockholm Resilience Center alertent sur le fait que ce rythme de production ne permet pas d’étudier les effets de ces substances sur le long terme. En 2017, l’extraction de matériaux associée à la création de nouvelles entités représentait environ 92 milliards de tonnes, en 2060, elle devrait atteindre 190 milliards de tonnes. Pour rendre ces chiffres plus parlants, nous pouvons reprendre le cas du plastique : selon les prévisions, d’ici 2050, la production du plastique devrait tripler et atteindre 33 milliards de tonnes. Sachant qu’en France 20% du plastique se retrouve directement dans la nature, soit 80 000 tonnes de plastique.
Les conséquences du dépassement de la 5ème limite
Les conséquences sur la biodiversité
Mme Carney Almroth, une des scientifiques qui a travaillé sur le rapport du 18 janvier 2022 explique : « Nous savons ce que certaines de ces substances sont. Mais pour la plupart, on ne sait rien ». Si nous reprenons l’exemple du plastique, nous comprenons que les substances toxiques continuent de polluer après leur utilisation par l’Homme mais sans saisir toute l’ampleur des dommages qu’ils peuvent entraîner. Très souvent, le plastique se retrouve dans la nature : océans, montagnes ou même dans les zones très isolées comme en Arctique. Il perturbe ainsi toute la biodiversité. Des êtres vivants comme les éléphants peuvent l’ingérer, les animaux marins s’emmêlent parfois autour du plastique et restent coincés. Les produits chimiques en général, ont une très longue durée de vie, ce qui renforce leurs effets négatifs sur les processus naturels de la biodiversité.
Les conséquences sur la santé humaine
Les conséquences négatives de l’activité humaine sur l’écosystème impactent forcément le mode de vie de l’humanité : si nous perturbons notre environnement, il change, et nous devons évoluer avec lui pour continuer de subvenir à nos besoins et nous maintenir en bonne santé. Pour illustrer cela avec une autre entité nouvelle que le plastique, prenons les pesticides : leur utilisation massive contribue à la pollution des sols alors que l’humanité a besoin d’un accès à l’eau douce pour survivre. Ces produits peuvent avoir des conséquences directes sur la santé humaine.
Réduire le plastique, une action concrète et utile ?
Quand une limite est franchie, les effets négatifs qui en découlent sont inévitables. L’humanité devra donc s’adapter pour continuer de vivre dans un environnement qui devient moins propice à son développement. Il existe toutefois des solutions, les scientifiques aimeraient que soient fixés des plafonds d’entités nouvelles introduites à ne pas dépasser, comme cela a été fait pour la hausse de la température à ne pas dépasser par exemple. Pour agir à notre échelle, il existe une solution évidente : changer nos modes de consommations pour diminuer nos déchets. Se tourner vers une économie plus circulaire et essayer d’adopter un mode de vie zéro déchet, limiter sa consommation de plastique permettra de contribuer à apporter une solution à ce problème mondial.
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